Introduction à l’amour et à la reconnexion
Je veux parler d’amour, car en résolution traumatique par le mouvement, il est question de trouver l’inverse opposé à ce qui nous a blessées pour nous en libérer.
Je me suis demandé quel était l’inverse de la violence, et j'ai répondu : l’amour. Il est essentiel d'introduire ma vision de l’amour et de comprendre comment la violence s’est immiscée si profondément en nous que nous ne la ressentons plus.
Si nous avions fait l’expérience de l’amour dès notre plus jeune âge, si nous avions été persuadées de mériter le meilleur, d’avoir le droit d’être qui nous sommes, de nous exprimer, de ressentir la douceur, de comprendre nos émotions et de nous sentir en sécurité dans notre corps, qu’il nous appartient, qu’il est à préserver, que personne n’a le droit de l’enfreindre et que tout s’apaise en passant par lui… alors, la violence ne pourrait pas se présenter devant nous sans que nous sachions qu'elle n'est pas de l'amour.
Or, ce n’est pas vraiment ce qui se joue.
La violence : un héritage inconscient
Nous sommes en lien avec la violence de manière presque invisible. Le premier point central s’imprime très tôt dans l’enfance ; il est question du rapport de force/de domination : sous couvert d’amour ou d’éducation, des comportements comme crier, punir, humilier ou forcer l'enfant sont banalisés. Tout ceci devient "normal", et on nous a fait croire que c'était cela l’amour.
Souvent, nous avons été "mal aimées" enfant, non par désamour, mais parce que nos proches ne savaient pas s’aimer eux-mêmes, nous transmettant une vision déformée de l’amour. Cet "amour déformé" se transpose dans nos relations adultes, et ce qui était "éducation" devient alors violence. Ça, c'est le deuxième point clé au fait de vivre des violences.
Quand les personnes censées apporter de l’amour enfreignent nos frontières physiques ou émotionnelles, la violence s'installe. Elle déforme notre conception de l’amour, où le rapport de force, l'emprise, la banalisation et la dépendance affective deviennent le noyau de nos liens.
L’absence au corps : une protection à double tranchant
Le troisième point central est l’absence à notre corps. C’est une stratégie neurobiologique : la dissociation. Au moment du choc traumatique, cette dissociation opère pour anesthésier la douleur.
Sans cette connexion à nos émotions et à notre corps, nous sommes coupées de nous-mêmes. Plus on vit de la violence, plus on devient insensible, car notre cerveau nous protège. C'est spectaculaire, mais aussi dramatique : si on ne connaît pas autre chose, on est persuadées que la vie se résume à ça et qu’on le mérite.
Plus on est coupées de nos ressentis, de notre boussole intérieure, plus seul le mental est à l’œuvre. On agit par mimétisme, reproduisant ce qu'on nous a appris. Des violences "délivrées avec amour" passent ainsi inaperçues. Les émotions ont besoin du corps pour s’apaiser et digérer, sinon elles explosent envers nous-mêmes ou sur les autres.
Inverser la violence par l'amour et le corps
Il est temps de changer de regard sur nos transmissions, sur ce cycle d’amour déformé qui se perpétue et rend nos liens défaillants. Il est temps d’apprendre à revenir dans nos corps, à sentir, à ressentir, pour savoir quand nos limites sont dépassées. Gérer nos émotions devient essentiel pour notre bien-être interne et nos relations. C’est ainsi que l'on transforme nos liens toxiques en relations saines.
La violence a pris la place de l'amour, elle a créé et maintient des blessures béantes. Un être gouverné par ses blessures ne peut transmettre que le manque, la peur, la violence, une vision abîmée de l’amour.
Par définition, la violence est l’opposé de l’amour. Diluer cette violence passe inévitablement par l’amour. L’amour est derrière toutes choses, tout le temps. Un être qui accueille l’amour en lui transmet la tolérance, le respect, la compréhension, la compassion, car il est en mesure de se l’apporter à lui-même.
Notre responsabilité : un nouvel amour
Peut-être avons-nous perdu contact avec nous-mêmes, avec notre cœur. La violence fait tellement partie de nos enseignements que nous y sommes devenues insensibles, la transmettant sans le savoir.
Il est temps d’inverser la violence, en l’éclairant, en la repérant. Il est question de s’offrir une nouvelle paire de lunettes pour percevoir différemment, de soulever le voile de l’inconscience, de s’unir à soi, à son corps et de prendre nos responsabilités.
Notre responsabilité est de nous apporter un nouvel amour, bienveillant et compatissant, et de le transmettre à nos enfants. L’amour ne rend pas faible. Se sentir aimée, choyée, acceptée rend forte, confiante. Cet amour devient un socle solide pour trouver sa place, faire confiance à ses ressentis et construire des relations équilibrées et saines.
La cerise sur le gâteau ? En ayant expérimenté l’amour, la violence ne peut plus se présenter sans être décelée. Elle se voit, et on peut lui dire "Non !", car on sait que ce n’est pas de l’amour.
J’ai à cœur de remettre la violence à sa juste place, et de redorer la place de l’amour pour qu’il envahisse tout.